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Plus âgés mais moins prudents, pourquoi les personnes âgées se font avoir ?

16 Mars 2016 , Rédigé par ADRV Publié dans #Psychologie comportementale

Plus âgés mais moins prudents, pourquoi les personnes âgées se font avoir ?

Voici un reportage remarquable signé www.charlatans.info concernant la psychologie derrière la fragilité des séniorsface aux escroqueries. De nouvelles études expliquent pourquoi, bien qu'ils aient plus d'expérience, les citoyens les plus âgés prennent souvent des décisions financières désastreuses.

L'invitation est arrivée dans la boite aux lettres avec en gros caractères : "Réunion d'investissement, repas gratuit !", "évitez les erreurs financières des autres !", "protéger votre capital et gagnez plus !" Pendant le repas, le saumon est accompagné d'une présentation sur des investissements, avec des accroches du genre "le retour sur investissement est très important" ou "dépêchez-vous, il ne reste plus que quelques opportunités à saisir". De nombreux séminaires de ce genre sont des escroqueries visant un public de retraités. Car malgré leurs années d'expérience, les personnes les plus âgées sont plus susceptibles de se tromper dans leurs décisions financières, en surestimant les bénéfices en puissance, et en sous-estimant les risques potentiels.

Un éclairage provenant de la psychologie, de l'économie et des neurosciences pourrait nous aider à mieux comprendre pourquoi et comment ces erreurs peuvent arriver.

La recherche en psychologie a découvert que les adultes les plus âgés n'étaient pas aussi contrariés que les jeunes par d'éventuelles pertes financières. Et des chercheurs de l'Université de Stanford ont trouvé, dans une étude par imagerie cérébrale, que les cerveaux des séniors n'anticipaient pas autant que les plus jeunes une perte. Ce qui pourrait les conduire à faire des choix moins rationnels, et donc moins profitables. Mais tout n'est pas si noir, une meilleure compréhension expliquant pourquoi ces erreurs arrivent permettra de les prévenir plus facilement.

Comment l'âge affecte les choix financiers ?

Des économistes ont étudié comment l'âge impactait le comportement financier dans la vraie vie. David Laibson économiste à l'Université de Harvard et ses collègues ont regardé les différents choix que faisaient les gens à propos de leurs crédits et cartes de crédits, dans une étude de 2009.Ils ont découvert que les gens qui se situaient de chaque côté de l'échelle de l'âge, les plus jeunes et les plus vieux, faisaient plus d'erreurs, c'est-à-dire qu'ils prenaient des décisions qui leur coutaient plus d'argent que ne le faisaient les individus d'âge moyen. Pour ce qui concerne les prêts immobiliers par exemple, les personnes de 25 ans et de 80 ans avaient souscrit des crédits à des taux annuels d'environ 6% tandis que ceux de 50 ans avaient des taux de 5,5%.

En moyenne, parmi les différents types de choix, les gens de 53 ans faisaient le moins d'erreurs.

Les bons choix financiers nécessitent à la fois de la stratégie et de l'exécution, une compréhension du fonctionnement des systèmes financiers et l'acuité mentale pour trouver et choisir la meilleure option. La stratégie devient plus facile avec l'âge, mais l'exécution est plus difficile. "L'expérience apporte des améliorations" dit Laibson, "mais arrivé à un certain âge, cette accumulation d'expérience commence à être débordée par le déclin de la fonction cognitive." Cette hypothèse colle avec ce que savent les psychologues à propos de l'âge cognitif. "Il y a une explication relativement simple" dit Scott Huettel, un neuroscientifique qui étudie la prise de décision et la vieillesse à l'Université Duke. "Nos capacités cognitives déclinent plus ou moins pendant la vie". Un large corps de recherche a montré qu'une large variété d'aptitudes comprenant la mémoire, le raisonnement analytique et la rapidité de traitement, diminuait en vieillissant. La seule chose qui demeure constante, voire même qui augmente, est l'intelligence cristallisée, la connaissance accumulée qu'une personne a sur le monde, en d'autres termes : son expérience.

Mais la mémoire et le raisonnement ne suffisent pas

Nous utilisons nos sentiments intuitifs et nos émotions pour nous guider dans nos décisions. Contrairement au stéréotype, les personnes âgées sont généralement plus optimistes que les jeunes, et sont plus susceptibles de se concentrer sur les meilleurs côtés potentiels d'une situation. D'après les chercheurs, quand les gens vieillissent et commencent à sentir que leur temps est limité, ils sont à la recherche d'une réalisation émotionnelle. Concrétisée par cette tendance à se focaliser principalement sur les changements positifs des décisions que prennent les individus les plus âgés.

Modifications cérébrales et bancaires

L'équipe de psychologues et de neuroscientifiques étudient comment ces effets cognitifs et émotionnels de l'âge jouent un rôle dans le cerveau pendant la prise de décision relative à l'argent. L'imagerie fonctionnelle du cerveau peut être notoirement difficile à interpréter en soi, mais associée à la recherche comportementale, elle pourrait aider les chercheurs à répondre à la question : quand les gens vieillissent, quels sont les modifications dans le cerveau qui sont liées à un moindre changement à la banque ? Il est important de noter que l'activité accrue dans une région particulière du cerveau ne signifie pas que cette région fait que les gens pensent ou se sentent d'une manière particulière. L'imagerie cérébrale permet aux neuroscientifiques d'associer une activité mentale, comme une pensée ou un sentiment, à une région du cerveau. Les données n'informent pas sur la cause, mais quand des radiographies du cerveau correspondent à des résultats comportementaux, elles peuvent aider les scientifiques à examiner quelles régions du cerveau jouent un rôle dans ce processus de la pensée ou de l'émotion.

Les chercheurs ont commencé par regarder comment les jeunes individus et les plus âgés réagissaient à un élément basique relatif à une tâche financière : la quantité d'argent qu'ils étaient prêts à gagner ou à perdre. Pour leur première étude, publiée dans Nature Neuroscience en 2007, les chercheurs ont réalisé une expérience qui visait à évaluer comment les participants de l'étude, certains jeunes adultes et d'autres plus vieux, se sentaient quand ils anticipaient un gain ou une perte.

Les participants étaient placés à l'intérieur d'une machine à imagerie par résonance magnétique (IRM), et ont regardé un écran qui affichait une quantité d'argent qu'ils pouvaient gagner ou perdre, comme "+5 €" ou "-1 €". Puis, après un court délai, ils devaient appuyer sur un bouton très rapidement pour avoir un résultat favorable, comme gagner les 5€ ou éviter de perdre 1€. Après avoir fait ceci 180 fois avec différentes quantités d'argent mises en jeu, chaque personne faisait une évaluation de son sentiment causé par l'anticipation de chaque perte ou gain, allant de "très négatif" à "très positif". Les chercheurs ont aussi analysé les images IRM pour voir quelles régions du cerveau des participants étaient les plus actives quand ils anticipaient un gain ou une perte.

Les chercheurs ont découvert que les jeunes adultes et les plus vieux se sentaient aussi bien quand ils s'attendaient à un gain, et ils ont montré la même augmentation d'activité dans le noyau accumbens, une région importante du cerveau pour l'anticipation des récompenses. Cependant, quand ils s'attendaient à une perte, les adultes les plus jeunes et les plus âgés répondaient différemment. Les plus jeunes adultes ont rapporté être plus contrariés, et ont montré un afflux sanguin plus important dans l'insula, une région du cerveau impliquée dans les émotions négatives. En même temps que la quantité d'argent mise en jeu augmentait, il en était de même des sentiments négatifs et de l'activation de l'insula. Les adultes les plus vieux, d'un autre côté, ne se sentaient pas aussi mal que les adultes les plus jeunes, et ils ont montré une activation moindre de l'insula.

Cela ne signifie pas que les gens les plus âgés se moquent de perdre de l'argent, explique Gregory Samanez-Larkin auteur de l'étude. Cela montre plutôt leur inclination vers le positif qui est à l'œuvre dans leurs cerveaux. Ils ne devenaient pas aussi anxieux à la perspective de perdre de l'argent que les jeunes adultes. Alors que le fait d'observer le bon côté des choses est émotionnellement bénéfique, il a des inconvénients dans la prise de décision financière, notamment lorsqu'il est important de prendre en considération des éventuelles pertes. Pensez au fameux "retour sur investissement important" promis par les vendeurs de placements en tous genres. Il semble formidable, mais de gros retours sur investissement exigent habituellement de gros risques aussi. S'ils ne s'inquiètent pas de ces risques, les séniors pourraient être plus susceptibles de signer, même si l'investissement n'est pas du tout certain ni bon. Il peut en être de même pour toute une large gamme d'investissements financiers. Les séniors pourraient ignorer le taux d'intérêt élevé d'un crédit ou d'une carte de crédit revolving par exemple, s'ils se focalisent sur un plan qui offre de grandes récompenses potentielles.

Les risques des choix aléatoires

Dans une étude plus récente, publiée dans le Journal of Neurosciences, Samanez-Larkin et d'autres chercheurs ont demandé à de jeunes adultes et à des plus âgés de participer à un jeu d'investissement, tout en étant aussi dans une machine IRM. A chaque tour les gens pouvaient faire leur choix parmi deux types d'actions (titres cotés), considérées aléatoirement comme "bonne" ou "mauvaise" par un ordinateur, et une obligation qui rapportait toujours 1€. Les participants n'étaient cependant pas informés quelles actions l'ordinateur avait étiquetées comme bonne ou mauvaise. Alors que les bonnes actions rapportaient un gain de 10 euros, 25% du temps elles ne rapportaient rien, et dans le pourcentage restant, une perte de 10 €. Pour les mauvaises actions, les probabilités de gain et de perte étaient inversées, avec une perte survenant la moitié du temps, etc. On ne donnait pas les résultats de chaque action après chaque tour, mais ils étaient déduits pendant le jeu, la manière dont les participants ont choisi les actions à acheter reposait sur la performance passée.

Les chercheurs ont découvert que les individus les plus âgés étaient aussi doués que les jeunes pour ce qui était de répartir entre les obligations sûres et les actions risquées. En d'autres termes, ils ne faisaient pas beaucoup d'erreurs parce qu'ils agissaient d'une manière contraire au risque, comme on le suppose souvent des personnes âgées. Mais quand il s'agissait de choisir entre les bonnes et les mauvaises actions, les personnes les plus âgées étaient significativement plus susceptibles de choisir les mauvaises que les jeunes adultes. Avant de prendre une décision risquée, tous les sujets ont montré une activation plus importante du noyau accumbens, la même région qui était activée quand on s'attendait à un gain dans l'étude précédente (cf. plus haut). Maintenant, ils attendaient la récompense d'un choix risqué, mais finalement profitable. Mais chez les adultes les plus âgés, cette activité "pré-risque" dans le noyau accumbens était beaucoup plus animée, avec plus de variabilité dans sa force et son timing.

Cette variabilité dans l'activité du noyau accumbens pouvait être reliée à la difficulté de choisir la bonne action dans laquelle investir, explique Brian Knutson, un neuroscientifique de Stanford. Les gens les plus vieux "pourraient choisir leurs titres plus au hasard quand ils prennent des risques" à cause du signal brouillé dans le noyau accumbens qui ne différencie pas clairement les bonnes actions à acheter des mauvaises. Quiconque investi son argent dans les marchés actions prend des risques, mais il le fait généralement en espérant en tirer un profit. Cette étude suggère qu'il peut être particulièrement difficile pour les personnes les plus âgées de faire la différence entre des risques profitables de ceux qui ne le sont pas. Même si leur portefeuille titre actuel plus prudent gagnera probablement plus que le nouvel investissement proposé dans ces réunions/repas d'investissements, les personnes âgées pourraient être plus disposées à prendre des risques après avoir été trompées par des conseillers financiers peu scrupuleux, parce qu'elles sont trop optimistes sur les chances de retour sur investissement profitables des placements à risques.

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