L’armure : un fardeau responsable de la défaite française de la bataille d'Azincourt ?
Comme le démontre le codex Wallenstein, les principes du combat, les protections préventive & personnelle, la biomécanique, les armes, la stratégie… étaient étudiés sérieusement pendant les entrainements, utilisés puis corrigés grâce aux champs de bataille. Je le répète, le combattant moderne aurait plus que fort à faire devant ces « soldats » habitués aux conflits et aux dangers permanents de l’époque. Des Gaulois aux Mousquetaires, des Ruffians aux Apaches de Paris, tous étaient de solides gaillards rompus aux joutes de la rue, connaissant toutes les astuces et les vices (la fameuse botte de Nevers) pour rester vivants. Les arts martiaux modernes furent mis à mal lors de la seconde guerre mondiale dans le pacifique lors des guerres de « tranchée » entre les Japonais et les Américains. La morphologie des GI’s changea la donne face à celle des Nippons (à l’époque très petits).
Las des cuisantes défaites en corps à corps, la tristement célèbre unité 731 créée par mandat impérial en 1925 étudia (également) l’art des points vitaux en réquisitionnant les grands maitres de l’époque. Cette unité se consacrait officiellement « à la prévention des épidémies et la purification de l'eau », mais elle effectuait en réalité des expérimentations sur des cobayes humains comme des vivisections sans anesthésie ou des recherches sur diverses maladies comme la peste, le typhus et le choléra en vue de les utiliser comme armes bactériologiques. Cette unité est aujourd'hui reconnue comme responsable de crimes de guerre et crimes contre l'humanité. L'État japonais ne reconnaît l'existence de l'unité 731 que depuis 2002. Refermons cette parenthèse et revenons à l’armure et à la bataille d’Azincourt.
« Publiés dans Proceedings of the Royal Society B, les résultats d’une étude expérimentale britannique suggèrent qu’une des causes de la défaite des soldats français à la bataille d'Azincourt, lors de la guerre de cent ans, fut le surcroît de dépense énergétique considérable dû au port de l’armure, face aux archers anglais plus légèrement équipés. Qu’en est-il exactement ?
Azincourt en France, 1415 : les soldats français, pourtant supérieurs en nombre, succombent devant les archers anglais du roi Henri V. Leur principal handicap : leur armure, selon une étude expérimentale dirigée par le Dr Graham Askew, de la Faculté des sciences biologiques de l'Université de Leeds. Au cours de ces travaux, quatre comédiens bardés de capteurs ont revêtu une réplique de l’armure de 30 à 50 kilogrammes des Français du 15e siècle puis ont marché et couru sur un tapis roulant. Une expérience originale dont on peut voir la vidéo sur le site de l'Université.
http://www.leeds.ac.uk/news/article/2259/heavy_metal_hardens_battle
Les tests de respiration et la mesure des enjambées ont montré que l'énergie nécessaire pour marcher avec l'armure était de 2,1 à 2,3 fois plus élevée que sans, ce rapport étant de 1,9 pour la course. Des taux supérieurs à celui de l’augmentation de leur poids consécutive à l’équipement, chaque homme étant en moyenne 1,4 fois plus lourd une fois cuirassé.
Un véritable handicap qui réside aussi dans le positionnement de l’armure sur le corps : "Porter ce genre de charge répartie à travers le corps exige beaucoup plus d'énergie que de transporter le même poids dans un sac à dos. Dans une armure, les membres sont alourdis par ce poids, ce qui signifie qu'il faut plus d'efforts pour les balancer à chaque enjambée", explique le Dr Askew.
Les plaques présentes sur la poitrine et le dos de l’armure auraient également augmenté la charge sur les muscles utilisés pour respirer, rendant difficile la prise de grandes inspirations. Ainsi empêtrés, alourdis et asphyxiés, les combattants français n'avaient aucune chance, sur ce terrain marécageux, face aux archers anglais bien plus légèrement vêtus, selon les experts. »
Doit-on se baser sur des certitudes scientifiques ? Je pense que la défaite est due à la stratégie employée suite à un facteur météorologique, stratégie pensée en amont. Un lecteur a apporté une réponse intéressante. « Ce que personne ne dit ici, mais qui est la cause fondamentale de l'échec de l'armée française face à l'anglaise est ceci : Juste avant la bataille, il y a eu une très forte pluie !!! Les archers anglais ont tous protégé leurs arcs et principalement leurs cordes sous leurs longues capes tandis que les français n'en avait pas, ne s'en donc pas souciés car ne pouvaient tout bêtement pas faire autrement. Or les arcs anglais, sur le modèle long-bow, avaient déjà une portée bien plus importante que ceux des français. Les anglais, enfin restés sur les hauteurs, n'ont alors eu aucune peine à abattre les chevaliers, leur piétaille et même leurs archers englués par la gadoue ; enfin les archers français étaient en bas, n'avaient donc pas l'avantage, et avaient en plus leurs arcs avec une portée encore plus réduite à cause des cordes fortement détendues ... par l'humidité !!! »
Sources :
Émeline Ferard (Crédits : University of Leeds) www.maxisciences.com