Bushido, Budo, des mots utilisés à toutes les sauces...
Le Bushido, le Budo, le mythe martial sont des mots utilisés à toutes les sauces. Récemment, j’ai assisté à un meeting aux Pays-Bas qui rassemblait plusieurs responsables d’arts martiaux divers. Dès l’ouverture du bal dirigé par des "musiciens martiaux" pleins de suffisance, j’ai planté des banderilles en leur expliquant que le terme « arts martiaux » était galvaudé car il s’est mué en jeux sportifs. La réalité est occultée et on néglige la notion de l’instant car de nombreux élèves se complaisent dans l’esthétisme, le paraître et l’autosatisfaction. Cela jeta un froid. On aurait pu entendre un escroc voler. Alors je me suis attaqué aux sacrés saints Bushido et Budo histoire de remettre les pendules à l’heure.
Qu’est-ce que le Bushido exactement?
Le bushido est une voie ou la présence de la mort nous amène à réfléchir sur la vie. Le Bushido est l’esprit de sacrifice mais il n’est pas le chemin de la mort. Comme le souligne Goshi Yamaguchi, le fils du célèbre maitre fondateur de l’art traditionnel de la Yamaguchi Goju kai « Pratiquer le Bushido signifie être prêt à mourir : Peu de gens en sont capables de nos jours ». L’étude est longue, astreignante et parsemée de traditions séculaires imperceptibles pour l’occidental. Il faut rééduquer le corps et l’esprit et dépasser l’aspect superficiel.
"Le bushido est le code des principes moraux que les samouraïs japonais étaient tenus d'observer. En fait, il existe une méprise sur le terme qui désigne le code des samouraï, résidant dans la mystification de certains faits par les historiens, notamment japonais. Parmi les classes existaient les bushi, sous-officiers et officiers inférieurs, et les buke, officiers supérieurs appartenant à la noblesse. Les samouraïs font partie de la catégorie des buke, et leur code est le buke-shô-hatto. Seulement, il existe une fiction où est employé le terme bushido en tant que code des samouraïs, c'est de là que l'on tire cette définition de bushido. Mais en réalité le code se nomme buke-shô-hatto"
Origine du mot
"Bushidō est un mot japonais provenant du chinois wu shi dao signifiant littéralement « la voie du guerrier » : bushi signifie « brave guerrier » et dō la voie. On divise parfois bushi en deux termes qui signifieraient bu « stopper » (mettre fin à la violence par les armes), et shi « celui qui a obtenu son savoir par l'apprentissage » (comme le guerrier). La première mention de ce mot est faite dans le Kōyō Gunkan, écrit aux alentours de 1616 mais l'apparition du bushido est liée à celle de la féodalité japonaise et des premiers shoguns à l'époque de Minamoto no Yoritomo au 12e siècle."
- Quant au Budo, « celui d’aujourd’hui » s’arrête à la forme, à l’aspect matériel, superficiel. Le vrai Budo n’existe quasiment plus même en aïkido, devenu Budo sportif, mis en place par Kisshomaru Ueshiba. Le fils d'O Sensei estimait en effet que l'art de son père était trop difficile à comprendre pour le commun des mortels. Il a donc délibérément modifié l'Aikido du Fondateur en changeant les formes techniques, et en n'hésitant pas à supprimer des pans entiers de l'Aikido que sont l'Aiki-ken et l'Aiki-jo. Désolé de froisser les enseignants de cet art martial mais c'est écrit en toutes lettres dans le Journal Officiel du Hombu Dojo, Aikido Shimbun, numéro du 20 janvier 1999, sous la plume du Directeur de l'Aikikai, Moriteru Ueshiba (petit fils du Fondateur).
- Le mythe martial est entretenu par les gouvernements, les militaires et des Maîtres plus experts en merchandising que dans l’art du combat. Dans ce bal des courbettes, les chefs d’orchestre sont souvent les Fédérations officielles chargées de rassembler les musiciens. Elles oublient leur rôle premier qui est de fédérer et s’appliquent avec talent à diviser pour mieux régner. Il en résulte une partition inaudible, pleine de fausses notes et de « contre temps ». Enfin, il faut le souligner, c’est certainement dans le monde des arts martiaux que l’humilité fait le plus défaut. L’argent est le chef d’orchestre, la compétition et les grades jouent une partition sans relief sur la même tonalité. Comme le chantait le groupe IMAGINATION « Just an illusion ».
Les arts martiaux transpirent les 7 freins de la progression vers l’éveil, à savoir, l’égocentrisme, l’ignorance, le déni, l’arrogance, l’excès de confiance, les certitudes et les préjugés. Un comble quand on sait que le code de l’honneur affiché dans les dojo se réfèrent aux sept vertus du bushido confucéennes associées au bushido :
- Droiture (rectitude ou rigueur)
- Courage
- Bienveillance (grandeur d'âme, compassion ou générosité)
- Politesse (d'une manière plus générale, le respect)
- Sincérité (honnêteté)
- Honneur
- Loyauté
Ce code de l’honneur est souvent bafoué par les mêmes qui sont censés l’enseigner à leurs élèves. Le livre fantastique des arts martiaux, légué par les anciens, est une renaissance, un hymne à la vie, à la joie, à l’amour de tout ce qui nous entoure. Malheureusement beaucoup se sont arrêtés au sommaire. Comme le disait Bob Dylan, « celui qui n’est pas occupé à naître est occupé à mourir ». On a trop tendance à oublier que les arts martiaux traditionnels sont une voie sans fin.
Après ces explications, je saluais cordialement tous les enseignants en leur confirmant que ce n’était pas le doute qui rendait fou mais la certitude de détenir la vérité qui est un peigne pour les chauves. Dieu qu’il est difficile d'attraper un chat noir dans une pièce sombre, surtout lorsqu'il n'y est pas. J’ai eu l’impression d’avoir gâché la fête … Avant de les quitter, pour la route, je leur ai humblement dit: « Messieurs, il me semble que vous êtes les détenteurs de la vérité alors vivez chacun de vos jours comme si c'était le dernier ; vous finirez bien par avoir raison ». Quelque chose me dit que je ne serai pas invité au bal des faux culs l’année prochaine…
|