Armes à feu : Techniques de désarmement en situation réelle Possible ou pas ?

30 Janvier 2016 , Rédigé par ADRV Publié dans #Arts martiaux - Self Défense

Est-il facile en combat rapproché de saisir une arme de poing ? Répondre par l’affirmative serait dangereux voire criminel. Même s’il semble plus simple de saisir un pistolet qu'un revolver, les désarmements Yakafocon vus sur youtube sont plus proches des techniques de cinéma d’action que de la réalité du terrain. A travers les séminaires, nous sommes toujours stupéfaits de voir les lacunes et d’entendre les inepties au niveau des armes de poing, des carabines ou des fusils (chasse, assaut...). Avant de vouloir saisir l’arme d’un agresseur, il est recommandé de désarmer avant tout son « héroïsme » et donner au braqueur ce qu’il désire. Mourir pour une CB ou 10€ n’en vaut pas la chandelle. La défense personnelle (armes à feu) commence par l’étude des fondamentaux tels les règles sécuritaires ACDC, les lois en vigueur, les différentes catégories et le tableau de concordance entre celles-ci, le régime administratif applicable, la psychologie comportementale, la gestion émotionnelle, la respiration volontaire... Faire la différence entre une gâchette et la détente, un révolver et un pistolet, les munitions utilisées, les dégâts dus aux décibels (détonation), la chaleur dégagée et la puissance du tir (AK47...).... font également partie intégrante de l’étude. S’inscrire dans un club de tir agréé FFT est un plus pour comprendre entre autre la tenue, les postures, les attitudes, le danger par exemple... On vous rappelle qu’une arme devient létale une fois dans les mains de son propriétaire

Pourquoi tenter un désarmement peut être idiot :

D’abord, nous sommes facilement induits en erreur sous l’influence de la peur, de l’effet de surprise, de la panique et de nos émotions. Ensuite comme le souligne Christophe Jacquemart dans son livre « Neurocombat II », il y a 2 erreurs connexes de raisonnement. « La première consiste à supposer que, parce que l’on a résolu des conflits en environnement socialisé, on sera capable de résoudre toutes les formes de conflits. La seconde consiste à généraliser ses propres interdits (valeurs morales, conditionnements sociaux, lois et règlements...). On ne peut pas deviner la limite d’un criminel en se basant sur ce que nous serions nous-mêmes capables de lui faire ou non ». D’autres facteurs jouent également telle la règle des 7 mètres, la drogue, l’état mental de l’agresseur, environnement, nature de l’agression...

Romuald du club de KMNG© de St Nazaire, nous a envoyé ces informations pour vous éclairer.

« Le revolver possède un chargeur cylindrique parallèle au canon de l'arme, qui possède un nombre variable de trous (de cinq à huit) pouvant accueillir des cartouches. Après un tir, le chargeur tourne afin de présenter une nouvelle munition dans l'axe du canon et du marteau de l'arme.

Le chargeur du pistolet est lui situé dans la crosse de l'arme. Il est de forme parallélépipédique et peut contenir un grand nombre de munitions (de sept à une trentaine) et se charge par le bas de la crosse. Lors du tir, l'étui est éjecté de l'arme.

Pourquoi je peux saisir un pistolet ?

En situation d’urgence, il ne faut pas avoir peur de saisir un pistolet automatique par la culasse/ glissière pour le détourner. Les blessures que pourrait occasionner sur la main le recul de la culasse/glissière restent minimes. La culasse/glissière est la partie mobile supérieure du pistolet qui recule violemment lorsque le coup part, sous la pression des gaz dégagés ; ce mouvement de recul rapide permet d’éjecter la douille vide et de laisser la balle suivante se positionner pour le prochain coup. Par ailleurs, on notera que lorsqu’une glissière est gênée dans sa course lors d’un coup, l’arme ne s’est généralement pas réarmée pour engager une nouvelle balle. Techniquement, il existe un moyen d'empêcher le départ du coup d'un pistolet en envoyant légèrement la glissière vers l'arrière, et ainsi empêcher le départ du coup.

Pourquoi je ne peux pas saisir un revolver comme un pistolet ?

En situation d’urgence, on peut avoir à saisir un revolver, mais ...

Ce dernier, de part sa conception est beaucoup plus dangereux à saisir qu'un pistolet. La munition étant stockée dans le barillet, cette dernière n'est pas "chambrée" dans le canon (lui-même recouvert de la glissière), contrairement à celle d'un pistolet. Lorsque l'amorce est percutée, nous avons la même réaction physique que pour le pistolet sauf qu'une partie des gaz vont en partie s'échapper entre le barillet et l'entrée du canon...

Pour information une munition en 357 Mag délivre 2600 joules. Autant vous dire que si votre main vient en contact sur le barillet et que le coup part, vous n'êtes pas prêt de vous mettre au piano.

La seule façon de saisir un revolver se fera par le canon en espérant qu'il n'ait pas déjà servi et qu'il ne soit pas brûlant, mais ce sera le... "moins pire" si vous n'avez pas d'autre choix.

Dans tout les cas

Pensez à éloigner au maximum l'arme de votre visage, une cartouche classique, gros calibre, (38/9/40/45mm) rejette en moyenne 3 litres de gaz. Quand ce gaz réagit avec l’oxygène de l’air, la réaction peut provoquer une combustion avoisinant les 1000 °c et génère une flamme qui peut facilement atteindre 30 cm.

Une détonation pourrait endommager sérieusement vos tympans et annihiler toute tentative de désarmement (effet de surprise, choc psychogénique, perturbations sensorielle, motrice et cognitive)...

Quelques exemples avec des munitions courantes pour armes de poings, sachant qu'un avion au décollage à 100 m délivre 130 dB :

Pistolet et/ou révolver balles à blanc = 130dB

9mm = 159.8 dB

38 Spl = 156.3 dB

357 Magnum = 164.3 dB

40 S&W = 155.9 dB

45 ACP = 157.0 dB

Pour conclure, un autre paramètre à prendre en considération sera la longueur du canon, en effet comment se saisir d'un canon de 3 pouces, sans mettre sa main sur le barillet ?...Dans ce cas, je pense que la seule façon de le saisir le revolver, se fera sur la partie arrière de celui-ci, au niveau du chien, ou plus simplement en saisissant la main de l'agresseur... »... ce n’est pas une sinécure !