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A la rencontre de l’art martial authentique (Combat, Santé, Survie)

Krav Maga NG & consorts : La psychologie du combat : « le chaînon manquant »

16 Mars 2016 , Rédigé par ADRV Publié dans #Approches cognitives du combat de survie

Krav Maga NG & consorts : La psychologie du combat : « le chaînon manquant »

"L'arme ultime est l'esprit humain, tout le reste n'est qu'accessoire" (John Steinbeck)

« Savoir pour prévoir et prévoir pour pouvoir » est l’une des devises de l’école A.D.R.V.©. En effet, un homme averti en vaut 2, un homme préparé en vaut 4, à la condition de négliger aucun module, qu’il soit santé, premiers secours, survie ou combat. Entraîne-toi comme tu combats car tu combattras comme tu t’es entraîné !! Première partie d’un facteur clé trop souvent négligé, la psychologie du combat, paramètre fondamental du combat avec en toile de fond, la préparation mentale et le rapport à la mort. " Celui qui n'est pas psychologiquement prêt à faire usage de son arme au cours d'une confrontation armé devra faire face à deux adversaires au moment du combat: il devra en effet se vaincre lui même avant de pouvoir affronter son adversaire " Ce reportage fut préparé par Prosécurité et s’adresse à tous les professionnels de la sécurité.

« En effet tout professionnel armé peut avoir à faire face au cours de sa carrière à des situations extrêmes où des vies seront en danger (et plus particulièrement la sienne), et où il sera peut-être amené à devoir donner la mort. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est habilité à porter une arme et que l’institution qui l’emploie l’a formé dans cette logique. Paradoxalement, cet aspect est très rarement abordé, et l’approche du tir se cantonne souvent à un simple geste technique dans des conditions aseptisées, totalement dissocié de la réalité souvent tragique du combat.Le professionnel armé perd ainsi totalement de vue le but ultime de cette instruction : Pouvoir tirer sur un être humain !

Bien que l’instruction force-contre-force permette effectivement de recréer de façon artificielle une « expérience » du combat et prépare de façon assez efficace l’opérateur à « presser la détente » sur son prochain, aucun entraînement (aussi réaliste soit-il) ne pourra jamais recréer l’état psychologique dans lequel tout individu sains d’esprit se trouve dans des situations aussi extrêmes. Les probabilités de survivre à un engagement armé ne reposent pas exclusivement sur les capacités techniques du tireur mais également sur son état psychologique au moment du combat. Il est par conséquent primordial d’associer à l’approche purement technique une préparation psychologique adaptée au cours de laquelle notre professionnel pourra d’une part comprendre les mécanismes psychophysiologiques auxquels il va devoir faire face en situation de combat, et d’autre part lui permettre d’aborder certains aspects de sa profession avec plus de lucidité et sans se voiler la face.

Lorsque donner la mort est la seule option

« Tu ne tueras point » est un des préceptes sur lequel est fondé notre civilisation et sur lequel reposent les principes de vie en société. Néanmoins force est de constater que certains individus n’ont aucun respect de la vie humaine. Contre de tels « prédateurs » et autres sociopathes, il n’y a parfois aucune autre alternative que de faire usage de la force létale pour protéger des vies. Vue sous un angle théorique ce postulat semble assez simple, mais concrètement, le professionnel armé qui doit prendre une décision aussi lourde de conséquence doit non seulement réagir à une situation extrême (il a rarement l’initiative), prendre en compte le cadre légale (est-il en état de légitime défense ?), et faire abstraction des répercussions pénales et administratives auxquelles il sera exposé s’il fait usage de son arme. Mais avant toute chose, rappelons qu’il devra « lutter » contre un principe profondément ancré dans son inconscient : il n’est pas socialement acceptable de donner la mort ou même de blesser un de ses semblables.

En effet, tout être humain sain de corps et d’esprit ayant assimilé les principes de vie en société éprouve une certaine répugnance à donner la mort. Cependant, le fait de choisir pour profession un des différents métiers impliquant le port d'une arme à feu (policiers, gendarmes, militaires, agents SUGE, agents de protection rapprochée, transporteurs de fonds...) engage à de lourdes responsabilités. Tout professionnel armé qui n'est pas préparé psychologiquement à faire usage de son arme sur un être humain et à faire face à la dramatique réalité des situations extrêmes inhérentes à sa profession représente un danger pour lui même autant que pour ceux qu'il est sensé protéger. Il a même été constaté que certains individus se trouvant dans une telle situation éprouvent une inhibition qui équivaut à préférer mourir plutôt que de prendre une vie (même si cet acte, aussi insoutenable soit-il, est légitime). Bien qu’une telle réaction soit de toute évidence très singulière, elle ne peut en aucun cas être envisagée pour un professionnel armé sur lequel repose la vie d'autrui. Il faut par conséquent se poser les bonnes questions en faisant preuve d’une totale honnêteté intellectuelle. « Suis-je prêt à mettre ma vie en péril ? Suis-je prêt à donner la mort ? »

Surtout ne pas se voiler la face

Nombreux sont ceux qui partent du principe qu’il ne se passera rien.Cette vision utopiste du problème n’est pas compatible avec ce type de profession à risque. Rappelons qu’en tant que professionnel armé vous pouvez avoir à faire face à de telles situations (ça n'arrive pas qu'aux autres !). Même si en effet les probabilités d’avoir à faire usage de son arme sont relativement faibles, elles ne sont pas inexistantes, et les conséquences sont souvent trop graves pour être négligées. Les faits divers dramatiques qui émaillent trop souvent l’actualité sont malheureusement là pour nous le rappeler.Le professionnel armé doit par conséquent être prêt mentalement à faire face aux situations les plus extrêmes. Pour ne pas être surpris au moment fatidique : « S’attendre à tout pour ne s’étonner de rien ».

Dans la même logique, certains négligent le port de leur gilet pare-balles (souvent pour des raisons de confort) et partent du principe qu’il ne s’est jamais rien passé jusqu’à présent « pourquoi en serait-il autrement aujourd’hui ? ». A l’inverse, d’autres ont pris conscience que l’enjeu est trop important pour être pris à la légère, et se disent à chaque prise de service "aujourd'hui, je peux me faire tirer dessus !". Ces derniers enfilent alors consciencieusement leur gilet pare-balles, même lorsqu’il fait quarante degrés et qu’il n’y a pas de climatisation dans leur véhicule de patrouille.

Porteriez vous un gilet pare-balles si vous aviez la certitude absolue de vous faire tirer dessus ? Si la réponse est oui, partez toujours de cette hypothèse et faites-en un principe immuable. N’oubliez pas que la vie n’a pas de prix !

Le processus de « négation » (déni de la réalité) :

Un des multiples mécanismes psychologiques de défense dont l’être humain dispose consiste à nier la réalité perçue. Lorsque ce mécanisme est utilisé par le sujet, celui- ci transforme (ou minimise) inconsciemment la signification des faits qu’il perçoit pour se rassurer. L’expérience démontre que certains professionnels armés, placés dans des situations extrêmes réagissent de manière inadaptée, ou trop tard : « Non, mon adversaire ne va pas faire usage de son arme ».Cette réalité est trop insoutenable pour être acceptée et notre sujet n’est pas préparé psychologiquement à faire face à ce type de situation.

L’hésitation

Souvent associé au processus de négation, l’hésitation est souvent la cause première d’une réaction à contre temps. L’échéance est ainsi sans cesse repoussée, et bien que le danger soit réel et imminent, et que l’usage de la force létale soit complètement justifiée, le professionnel doute de la légitimité de son geste et temporise son action. La prise d’une décision aussi grave nécessite en effet de pouvoir en assumer les conséquences. Sans une préparation psychologique appropriée, le sujet intégrera à son processus décisionnel une multitude de données « parasites » tels que la pression sociale, son bagage émotionnel et culturel, la crainte de sanctions administratives ou pénales, etc. Et chose étonnante, ce phénomène d’hésitation peut également être constaté au cours de certains exercices force-contre-force où le stagiaire sait pourtant que ses actes ne portent pas à conséquence.Le but d’une instruction moderne associé à une préparation psychologique adaptée aura pour but de permettre au professionnel armé d’analyser la situation avec le plus de lucidité possible, et de pas perturber son processus décisionnel avec des paramètres ne devant pas rentrer en ligne de compte lorsque de vies humaines sont en jeu.

Quant la maîtrise de la situation n’est qu’illusion

Lors des phases d’instruction, il est fréquent d’entendre certains élèves affirmer qu’ils n’auront jamais à utiliser leur arme, qu’une attitude déterminée sera amplement suffisante pour maîtriser un adversaire armé. D’autres s’imaginent que le simple fait de voir un uniforme et d’entendre des injonctions est suffisamment dissuasif pour que l’usage des armes ne soit pas nécessaire. C’est en effet parfois le cas, néanmoins, il est illusoire de croire que ce principe est une vérité absolue. Cette vision naïve du problème est principalement le fruit de la projection de leur propre éducation et de leurs propres valeurs (la crainte du « policier », la notion de bien et de mal, le respect de l’autorité ) sur le comportement d’un adversaire dont la logique n’est pas forcément régie par de tels principes. D’autre part, une aversion(plus ou moins inconsciente)pour l’emploi de la violence, contribue à cette vision faussée de la réalité. Il est effectivement rassurant de penser pouvoir maîtriser la situation sans avoir à faire usage de la violence. Il est malgré tout primordial d’être préparé psychologiquement à faire face aux situations spécifiques où une telle maîtrise nous échappe.

Volonté et détermination

Bien que la capacité technique à faire usage de son arme avec efficacité soit effectivement importante pour survivre à une confrontation armée, il n’en demeure pas moins qu’elle doit impérativement être associée à une détermination sans faille Cette détermination est en effet l’aspect le plus important pour survivre à l’engagement. Une arme à feu est effectivement totalement inutile si elle n’est pas associée à un acte à la fois volontaire et responsable. Le meilleur tireur du monde équipé du pistolet le plus précis et le plus fiable ne survivra pas s'il n'est pas prêt à faire tout ce qui est en son pouvoir (y compris donner la mort) pour protéger sa propre vie ou celle d'autrui.

A suivre...

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