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A la rencontre de l’art martial authentique (Combat, Santé, Survie)

Les clés: Sont-elles "applicables" dans la rue?

23 Avril 2014 , Rédigé par Eric Garnier Sinclair Publié dans #Arts martiaux - Self Défense

Bas Rutten Leon Van DIjk Eric Garnier Sinclair Pays-Bas 1997

Bas Rutten Leon Van DIjk Eric Garnier Sinclair Pays-Bas 1997

Faut-il croire aux techniques de clés et saisies? En 40 ans d'études en chin na fa, je suis en mesure de vous donner une réponse de Normand, "Peut être ben que oui, peut être ben que non".

- En MMA, sans kimono, il est très difficile d'appliquer une clef à cause notamment de la sueur (l'effet savonnette). En sport, avec un kimono, c'est une autre histoire, mais on parle de sport, donc de notion de durée.

- Dans les séminaires, nous invitons en douceur à travailler les clefs sur une saisie. Ensuite, même chose mais avec la force et l'effet de surprise ... et ... la défense ne fonctionne plus, la codification non plus. Pourquoi? L'auto réflexe instinctif et SIMPLE n'est pas appliqué sur l'instant. La plus efficace des clés reste les doigts, l'immobilisation, le petit doigt. Ce n'est pas pour rien que les chinois appliquent les menottes aux pouces.

- Pour appliquer une clef directe dans un conflit réel en toute tranquillité, mieux vaut jouer au loto, vous serez plus chanceux, surtout si vous essayer de reproduite les clefs enseignées en self défense. Les professionnels de la sécurité comprendront mes propos.

Que faire si vous désirez passer un armlock dans un conflit?

Je vais en faire râler plus d'un, mais mieux vaut allumer un cierge à l'église si vous souhaitez passer un armlock, sans passer par la case "trucs de p...". Nous conseillons directement de "disjoncter" le cerveau de votre adversaire avec une feinte, (dès la saisie) tout dépend ou vous êtes (lieu, configuration du terrain ...). Les doigts sont plus faciles à gérer qu'un bras.

- Un pointu de "foot",

- Un "mollard",

- Pique aux yeux, à la gorge,

- coup dans les parties,

- Blocage de la respiration (pince de crabe à la gorge)

- Coup de boule,

- Gaz au poivre,

- Jet de monnaie, clés au visage, briquet, crayon, sac...

- Une boisson si vous êtes dans un bar, enfin tout ce que vous avez sous la main... en utilisant "la main de singe", alors vos "armlocks" seront applicables.

- 99% des clefs enseignées en self défense ou dans la majorité des arts martiaux ne passeront pas en cas de conflit réel. Ne rêvez pas! Le partenaire consentant à l'entrainement s'est mué en un type prêt à vous faire goûter le jambon purée de la soirée.

Face à un type armé d'un couteau?

Courir très vite ...très très vite sinon, visualisation (en amont) et utiliser tous les éléments qui vous entourent comme "armobjets".

Alors? les clefs ne marchent pas ???

Dans l'instant dans un vrai conflit, très rarement. Plusieurs facteurs sont à prendre en compte. Cela dépend aussi du gabarit de votre adversaire. Une femme désirant passer un armlock à un joyeux luron d'1m90 en furie ... dans les séries TV peut être, dans la réalité ... Ne pas négliger les facteurs force, effet de surprise, météo, lieux, drogues, alcool ...

Néanmoins attention, une clef appliquée correctement dans l'instant est pratiquement impossible à "dégager" même si vous connaissez les "trucs" en biomécanique genre systéma.

- Si vous tenez l'individu, début de clef, genre kote gashi, n'oubliez pas l'angle pour fracturer ou disloquer en faisant sauter un "fusible" dans son cerveau, déstructuration, écrasement du pied, pointu, mollard ..., faire une diversion pour diriger l'attention, la force vers le nouveau choc anatomique ou psychologique.

- En Qin na fa, il y a des "contre-techniques" efficaces. Néanmoins, je connais quelques personnes capables de vous briser le poignet (force naturelle) rien qu'en serrant leur "pogne". Un conseil ne vous laisser pas "éblouir" par les armes de votre adversaire et les codifications enseignées dans les dojo.

- Relâchement musculaire et des tendons ou pas, (systema, sauf très haut niveau, et encore), ces personnes appliquent instinctivement la technique du serpent avec un "partenaire" difficile à gérer. L'adrénaline! A chaque respiration, la force s'accroit pour étouffer et briser les os. Pour ceux qui ont eu la chance de travailler avec Bas Rutten mais surtout avec Marco Ruas ou Remco Pardoel, ils comprendront ce que je veux dire. Sur une clef (trapèze au sol) effectuée par Léon Van Dijk sur votre serviteur, je me suis retrouvé avec un an de rééducation en guise de dessert. Un tendon (épaule) c'est très long à "réparer" voir impossible même après une opération chirurgicale.

- Un exemple tout bête: Essayez d'appliquer une clef de cheville sur un skieur. Très difficile car le renforcement naturel du au ski empêche l'application de la technique.

- Un ami, gardien de prison Hollandais, haut niveau en pancrase, beau physique (1m95, 110 kg) fit une clef de jambe sur un prisonnier qui tentait de fuir. Il s'est retrouvé projeté & collé contre un mur malgré son poids et la technique appliquée. Le prisonnier était en pleine crise de nerfs. Ils ont réussi à le maitriser à 8 personnes.

Conclusion:

Une clef est efficace effectuée dans l'instant à certaines conditions. La contre attaque également. La rue est une chose, les salles de sport une autre. Ne jouez pas les apprentis sorciers. Sur la durée (compétitions, entrainement)... c'est une autre histoire.

En guise de conclusion, voici comme promis, l'anecdote avec Bas Rutten et maitre Yang Jwing Ming. Nous étions à Paris pour participer à la démonstration de Bercy organisée par karaté Bushido. J'étais chez Pascal Plée avec Maitre Yang (séminaire). Je proposais alors à Maitre yang de rencontrer Bas Rutten et Leon Van Dijk avant que ces derniers ne vident le bar voisin. Bas & Leon furent très intéressés par la fin du stage en voyant les stagiaires grimacer sous la douleur des clés de doigts. Le stage fini, la conversation s'engagea. Evidemment, leon 1m92, 110 kgs de muscles, Bas 1m86 105 kgs de muscles faisaient figure de géant à côté de Maitre Yang 1m70, 60 kgs. La dernière question embarrassa Maitre yang.

- " Maitre, un type comme Léon ou Bas vous attaque dans la rue ... quelle technique pourriez vous employer ?"

- Eric, me dit-il avec un sourire gêné propre aux asiatiques, ils sont très forts physiquement et ce sont des combattants réputés et craints. J'ai des petits pieds et je crois que je courais plus vite qu'eux en me faufilant là ou ils ne pourraient pas me suivre ..."

La réponse était simple mais tellement pleine de bon sens. Ensuite nous avons salué Maitre Yang comme il se doit avant de préparer la démonstration de Bercy ... au bar voisin.

A suivre

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O
J'adore cet article. C'est tellement vrai !
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